Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/148

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est clair, et il y est par le même calcul qui doit faire parvenir au but celui de deux coureurs payés pour y arriver le premier, lorsque son camarade ne gagne rien à la même course. Mais supposons un instant qu’il ne soit pas de vous : que vous importe dans le fait ? Vous voulez un héritier, le voilà : C’est l’éducation qui donne le sentiment filial, ce n’est pas la nature. Croyez que cet enfant désabusé par rien, d’être votre fils, accoutumé à vous voir, à vous nommer, à vous chérir comme son père, vous révérera, vous aimera tout autant et peut-être plus que si vous aviez coopéré à son existence ; il n’y aura donc plus en vous que l’imagination de malade ; or rien ne se guérit facilement comme ces maux ; donnez à cette imagination une secousse plus vive, agitez-la par quelque chose qui ait plus d’empire, plus d’activité sur elle, vous l’assouplirez bientôt à ce que vous voudrez, et sa maladie se guérira. Dans tous les cas ma philosophie vous offre un moyen. Rien n’est à nous autant que nos enfans ; on vous donne celui-là, il vous appartient encore mieux ; il n’y a rien de si bien à nous que ce qu’on nous donne. Usez de vos droits,