Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/160

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sible ; rien n’amuse, rien n’échauffe la tête comme le grand nombre ; il n’y en a pas qui ne puisse vous donner des plaisirs nouveaux, ne fût-ce que par le changement de conformation, et vous ne savez rien, si vous ne connaissez qu’un vit. Dans le fait, c’est absolument égal à votre époux ; vous conviendrez qu’il n’est pas plus déshonoré au millième qu’au premier, moins même, car il semble que l’un efface l’autre. D’ailleurs, le mari, s’il est raisonnable, excuse toujours beaucoup plutôt le libertinage que l’amour ; l’un l’offense personnellement, l’autre n’est qu’un tort de votre physique ! Lui, peut fort bien ne pas en avoir, et voilà son amour-propre en paix. C’est donc égal vis-à-vis de lui ; quant à vos principes, ou vous n’êtes pas philosophe, ou vous devez bien sentir que quand le premier pas est fait, on ne pèche pas plus au dix millième qu’au premier, reste donc le public ; or, ceci vous appartient entièrement ; tout dépend de l’art de feindre et de celui d’en imposer ; si vous possédez bien l’un et l’autre, et ce doit être votre unique étude, vous ferez du public et de votre mari, absolument tout ce que vous voudrez. Ne perdez jamais de vue, que ce