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des sots ; mais il est de certains esprits, qui avant débarassé ces mêmes choses de ce qu’elles ont d’horrible en apparence, et les en ayant dégagé en foulant aux pieds le préjugé qui les avilit et les condamne, ne voient plus dans ces choses que de très-grandes voluptés, et des délices d’autant plus piquants que ces procédés s’écartent le plus des usages reçus, qu’ils outragent le plus grièvement les mœurs, et qu’ils deviennent le plus sévèrement défendus. Essayez de guérir une telle femme, je vous en défie ; les secousses qu’elle a éprouvées en montant son ame à ce ton, deviennent si voluptueuses et si vives, qu’elle n’entrevoit plus rien de préférable à la route divine qu’elle a prise. Plus la chose est épouvantable alors, plus elle lui plaît, et vous ne l’entendrez jamais se plaindre que de manquer des moyens de braver cette infamie qu’elle chérit, et dont le poids augmente ses plaisirs ; voilà qui vous explique pourquoi les scélérats recherchent toujours les excès, et pourquoi nul plaisir n’est piquant pour eux s’il n’est assaisonné de crime ; ils en ont écarté tout ce qu’il y a de répugnant aux yeux du vulgaire, il ne reste plus pour eux que les attraits.