Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/171

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seul flambeau des passions consuma cette odieuse chimère de la divinité, au nom de laquelle on s’égorgeait depuis tant de siècles ; lui seul osa l’anéantir et consumer ses indignes autels. Ah ! les passions n’eussent-elles rendu à l’homme que ce service, n’en serait-ce point assez pour faire oublier leurs écarts. Oh mes chères filles ! sachez donc braver l’infamie, et pour apprendre à la mépriser comme elle doit l’être, familiarisez-vous avec tout ce qui la mérite, multipliez vos petites erreurs, ce sont elles qui peu-à-peu vous accoutumeront à tout braver… qui étoufferont dans vous le germe des remords. Adoptez pour base de votre conduite, et pour régie de vos mœurs ce qui vous paraîtra de plus analogue à vos goûts, sans vous inquiéter si cela s’accorde ou non à nos coutumes, parce qu’il serait injuste que vous vous punissiez par la privation de cette chose, de n’être pas nées dans le pays où elle se permet. N’écoutez que ce qui vous flatte ou vous délecte le plus, c’est, cela seul qui vous convient le mieux. Que les mots de vice et de vertu soient nuls à vos regards ; ces mots n’ont aucune signification réelle, ils sont arbitraires et ne donnent que