Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/172

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des idées purement locales. Encore une fois croyez que l’infamie se change bientôt en volupté. Je me souviens d’avoir lu quelque part, dans Tacite, je pense, que l’infamie était le dernier des plaisirs pour ceux qui se sont blasés sur tous les autres par l’excès qu’ils en ont fait, plaisir bien dangereux sans doute, puisqu’il fait trouver une jouissance, et une jouissance bien vive à cette espèce d’abandon de soi-même, à cette sorte de dégradation de sentimens, d’où naissent à-la-fois tous les vices… qu’elle flétrit l’ame, et elle lui permet plus d’autre amorce que celle de la plus entière corruption, et cela, sans laisser le moindre jour au remords absolument éteint dans un être, qui n’estime plus que ce qui en donne, qui ne se plaît qu’à les faire revivre pour avoir le plaisir de les vaincre, et qui parvient ainsi par degrés aux excès les plus monstrueux, avec d’autant plus de facilité que les freins qu’elle lui fait rompre, ou les vertus qu’il lui fait mépriser, deviennent comme autant d’épisodes voluptueux, souvent plus piquans encore pour sa perfide imagination que l’écart même qu’il avait conçu. Ce qu’il y a de fort singulier, c’est