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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/207

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core, cet engin furieux au trou qui vient de le rejeter, puis vous campant derrière moi pendant que j’agirai, vous favoriserez mes projets en m’enfonçant deux ou trois doigts dans le cul ; tout répond aux desirs du paillard : l’opération s’achève, et le capricieux libertin paie trente louis des prémices dont il ne s’est seulement pas douté.

De retour à la maison, Fatime, celle de mes compagnes que j’aimais le mieux, âgée de seize ans, et belle comme le jour, se divertit beaucoup de l’aventure ; elle y avait passé, mais plus heureuse que moi, elle avait, disait-elle, volé une bourse de cinquante louis sur la cheminée du duc, pour se dédommager de tout ce qu’elle en avait souffert. Comment, dis-je, tu te permets de pareilles choses ? Le plus souvent que je le puis, ma chère, me répondit ma compagne, et sans aucun scrupule, en honneur. C’est pour nous qu’est fait l’argent de ces coquins là, et nous serions bien dupes de ne pas nous en emparer quand nous le pouvons ! Serais-tu donc encore assez dans les ténèbres de l’ignorance pour soupçonner le moindre mal au vol ? — Assûrément j’y en crois beaucoup. Eh bien, mon ange, me répondit Fatime ;