Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gagne alors n’appartient qu’à moi seule ; mais l’opération n’est pas sans danger… Explique-toi, repris-je vivement, tu excites ma curiosité… Tu es ici, me dit Fatime, chez un des plus célèbres voleurs de Paris ; le vol dont le coquin tire sa subsistance, compose aussi ses plus doux plaisirs. Il t’expliquera ses principes, il te mettra à même de les pratiquer ; nul avec nous jusqu’après son expédition, ce ne sera qu’au feu qu’embrâsera dans lui cette action, selon toi, criminelle, qu’il allumera le flambeau de ses lubricités ; et comme il veut que l’image de sa passion favorite se retrouve au moins dans tout ce qui l’accompagne, ce ne sera qu’en volant qu’il cueillera nos faveurs, et ces faveurs il nous les excroquera, nous aurons l’air de n’en rien retirer, quoique j’en sois payée d’avance ; en voilà la preuve, Juliette, ces dix louis t’appartiennent, j’en ai autant. Et la Duvergier ? — N’en sait rien, je te l’ai dit ; j’excroque notre chère maman, t’en repends-tu ? Non en vérité, répondis-je, au moins ici tout ce que nous gagnons est à nous. Il n’est plus question de ce maudit partage qui me désespère ; mais achève au moins de m’instruire ; qui, et comment allons-