Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/220

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faisant payer sa denrée un tiers de plus que la valeur intrinsèque qu’elle avait réellement. Les souverains volèrent en imposant sur leurs sujets des droits arbitraires de taxe, de tailles, etc. Toutes ces voleries furent permises, toutes furent autorisées sous le spécieux nom de droits, et l’on n’imagina plus de sévir que contre les plus naturelles, c’est-à-dire, contre le procédé tout simple d’un homme qui, manquant d’argent, en demandait, le pistolet à la main, à ceux qu’il soupçonnait plus riches que lui, et cela sans songer que les premiers voleurs, auxquels on ne disait mot, devenaient l’unique cause des crimes du second… la seule qui le contraignit à rentrer, à main armée, dans des propriétés que ce premier usurpateur lui ravissait si cruellement ; car, si toutes ces voleries ne furent que des usurpations qui nécessitaient l’indigence des êtres subalternes, les seconds vols de ces êtres inférieurs, rendus nécessaires par ceux des autres, n’étaient plus des crimes, ils étaient des effets secondaires, nécessités par des causes majeures ; et dès que vous autorisiez cette cause majeure, il vous devenait légalement impossible d’en punir les effets ; vous ne le pou-