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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/246

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poser une minute que la population s’en ressentit, ne serait-ce pas à la nature qu’il faudrait s’en prendre, puisque c’est d’elle seule que les hommes enclins à cette passion ont reçu non-seulement le goût et le penchant qui les y entraînent, mais même le défaut d’organisation ou de construction qui les rend inhabiles aux plaisirs ordinaires de notre sexe ; n’est-ce pas elle encore qui nous met hors d’état de pouvoir procurer de vrais plaisirs aux hommes quand nous avons longtemps satisfait à cette prétendue loi de population ? Or, si sa main met à-la-fois d’un côté, dans l’homme l’impossibillité de goûter des plaisirs légitimes, et que de l’autre elle constitue la femme d’une façon absolument opposée à celle qui serait nécessaire pour les goûter, il est bien clair, ce me semble, que les ridicules outrages que les sots prétendent qu’on lui fait en cherchant des plaisirs ailleurs qu’avec les femmes, ou avec elles en sens contraire, ne sont plus que des inspirations de cette même nature, bien-aise d’accorder un peu de dédommagement aux peines, imposées par ses premières loix, ou contrainte peut-être elle-même, à mettre un frein à une population, dont la trop grande abondance