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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/287

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Quinze femmes charmantes, mais toutes différemment costumées, attendaient effectivement, en silence, les ordres qu’on allait leur signifier.

Commençons, me dit Duvergier, par cette belle blonde que tu vois la première, au coin de la cheminée ; nous suivrons le cercle, en partant de là ; c’est la duchesse de St.-Fal, dont la conduite ne peut être blâmée, sans doute ; car, toute jolie qu’elle est, son mari ne saurait la souffrir. Quoique tu la voies ici, elle n’en prétend pas moins à la plus haute vertu ; elle a une famille qui l’observe, et qui la ferait enfermer, si sa conduite était connue ; mais, dis-je à la Duvergier, toutes ces femmes ne risquent-elles rien à se trouver ainsi réunies ! Elles peuvent se revoir ailleurs, et se perdre : premièrement, me répondit la matrone, elles ne se connaissent pas ? mais si par la suite, elles venaient à se connaître, que l’une dirait-elle à l’autre, que celle-ci ne pût aussitôt rétorquer contre son accusatrice ; liées toutes par le même intérêt il n’est donc nullement à craindre qu’elles se trahissent ; et depuis vîngt-cinq ans que je sers, elles ou leurs pareilles, je n’ai jamais ouï parler d’indis-