Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/30

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nous respirons… par l’espèce ou la quantité de particules nitreuses contenues dans les alimens que nous prenons, par le cours des humeurs, et par mille autres causes externes, déterminent un homme au crime ou à la vertu et souvent dans le même jour, à l’un et à l’autre ; voilà le choc de la baguette, le résultat du vice ou de la vertu ; cent louis volés dans la poche de mon voisin, ou donnés de la mienne à un malheureux, voilà l’effet du choc, ou le son. Sommes-nous maîtres de ces seconds effets quand les premières causes les nécessitent ? Le tambour peut-il être frappé sans qu’il en résulte un son ? Et pouvons-nous nous opposer à ce choc, quand il est lui-même le résultat de choses si étrangères à nous, et si dépendantes de notre organisation. Il y a donc de la folie, de l’extravagance, et à ne pas faire tout ce que bon nous semble, et à nous repentir de ce que nous avons fait. Le remords n’est donc d’après cela, qu’une faiblesse pusillanime, que nous devons vaincre autant que cela peut dépendre de nous, par la réflexion, le raisonnement et l’habitude. Quel changement, d’ailleurs, le remords peut-il apporter à ce que l’on a fait ? Il n’en peut diminuer le mal,