Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/314

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d’horribles blasphêmes, m’annoncent son délire… Mais son vit est à peine hors du cul, qu’un valet-de-chambre frappant doucement à la porte, le prévient que le commissaire qu’il a fait avertir, fait demander la permission d’exécuter l’ordre dont il est porteur. Ah, bon, bon, qu’il attende là, dit Noirceuil, je vais lui livrer sa victime… Allons, Gode rajustez-vous, voilà votre mari qui vient vous chercher pour vous conduire lui-même à la maison de campagne dont je vous donne l’habitation pour votre vie. Gode se presse, Noirceuil la pousse dehors. Dieux ! quelle est sa frayeur en voyant l’homme noir et sa suite, en se sentant lier comme une criminelle, en entendant surtout (il paraît que c’est ce qui la frappât davantage) tous les domestiques de la maison prévenus, s’écrièrent, ne la manquez pas, monsieur le commissaire, c’est elle qui bien sûrement a forcé le bureau de mademoiselle, et qui par cette conduite épouvantable a laissé planer le soupçon sur nos têtes… Moi, forcer le bureau de mademoiselle, s’écria Gode en s’évanouissant ! oh Dieu, j’en suis incapable ; le commissaire voulût suspendre, mais Noirceuil ordonnant qu’on poursuivit l’opération