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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/316

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Précisément, parce que c’en est une, me répondit Noirceuil, et qu’il n’en est point qui ne donne du plaisir ; le crime est l’ame de la lubricité ; il n’en est point de réelle sans lui : il y a donc des passions qui étouffent l’humanité : si cela est, elle n’est donc plus l’organe de la nature, cette fastidieuse humanité dont les moralistes nous entretiennent sans cesse, où il existe des momens pendant lesquels cette nature inconséquente éteint d’une voix, ce qu’elle conseille de l’autre. Eh ! Juliette, connais-tu mieux, cette nature complaisante et douce, elle ne nous conseille jamais de soulager les autre, que par intérêt, ou par crainte… par crainte, parce que nous redoutons pour nous, les maux que notre faiblesse soulage… par intérêt, dans l’espoir du profit, ou de la jouissance qu’en attend notre orgueil ; mais, dès qu’une passion plus impérieuse se fait entendre, tout le reste se tait, l’égoïsme, alors, reprend ses droits sacrés, nous nous moquons du tourment des autres ; et qu’aurait-il donc de commun avec nous, ce tourment ? Nous ne le ressentons jamais que par la frayeur d’un sort égal ; or, si la pitié naît de la frayeur, elle est donc une fai-