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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/32

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verte, et alors il faut se livrer sans doute aux réflexions produites par le regret de cette mal-adresse… seulement pour en recueillir plus de prudence, si la punition vous laisse vivre. Mais ces réflexions ne sont pas des remords, car le remords réel est la douleur produite par celle qu’on a occasionnée aux autres, et les réflexions dont nous parlons, ne sont que les effets de la douleur produite par le mal que l’on s’est fait à soi-même, ce qui fait voir l’extrême différence qui existe entre l’un et l’autre de ces sentimens, et en même tems utilité de l’un, et le ridicule de l’autre.

Quand nous nous sommes livrés à une mauvaise action, de quelqu’atrocité qu’elle puisse être, que la satisfaction qu’elle vous a donnée, ou le profit que nous en avons recueilli nous console amplement du mal qui en a rejailli sur notre prochain. Avant que de commettre cette action, nous avons bien prévu le mal qu’en ressentiraient les autres ; cette pensée ne nous a pourtant point arrêtés ; au contraire, le plus souvent elle nous a fait plaisir ; lui permettre plus de force après l’action commise, ou une manière différente de nous agiter est la plus grande sottise que