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naïveté qui me fit décharger dans leur bras. Il y avait près de trois quart-d’heure, qu’en attendant l’époque des desirs de monseigneur le duc, nous nous livrions en folâtrant, à toute l’impétuosité des nôtres, lorsqu’un beau et grand laquais, presque nud, vint nous prévenir que nous allions paraître, mais qu’il fallait que la plus âgée commençât. Cet ordre me plaçant au troisième rang, je pénétrai, quand ce fut mon tour, au sanctuaire des plaisirs de ce nouveau Sardanapale ; et ce que je vais vous raconter est absolument semblable à ce qu’avaient éprouvé mes compagnes.

Le cabinet où le duc nous reçut était rond, absolument environné de glaces ; au milieu était un tronçon de colonne de porphire, d’environ dix pouces de hauteur. On me fit monter sur ce piédestal ; le valet-de-chambre qui nous avertissait, et qui servait les plaisirs de son maître, lia mes deux pieds à des anneaux de bronze à dessein placés sur ce bloc, il éleva ensuite mes bras, les attacha à un cordon qui les contint le plus élevés possibles ; seulement alors le duc m’approcha ; il avait été jusqu’à ce moment couché sur un canapé, où il se branlait lé-