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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/383

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monsieur Dennemar. Nous sortîmes et montâmes promptement en voiture. Eh bien, Juliette, me dit mon amant, sans moi tu ne commettais pas cette petite méchanceté ; je te connaissais assez pour être bien sûr qu’il était inutile de te mettre dans la confidence, et que tu m’entendrais au premier mot. Baise-moi, mon ange… J’aime à sucer cette bouche faussaire. Ah ! tu t’es conduite comme un Dieu. Minette sera pendue, et il est délicieux, quand on est coupable, non-seulement de se tirer d’affaire, mais de faire même périr l’innocent à sa place. O Noirceuil, m’écriai-je, que je t’aime, tu étais le seul être qui me convint au monde, tu vas me donner des regrets de t’avoir manqué. Vas, Juliette, tranquilise-toi, me répondit Noirceuil, je te fais graces des remords du crime, je n’exige de toi que ceux de la vertu. Il ne fallait me rien cacher, poursuivit mon amant pendant qu’on nous ramenait à l’hôtel, je ne t’empêche point de faire des parties, si l’avarice ou le libertinage t’y porte : tout ce qui prend sa source dans de tels vices est étonnamment respectable pour moi ; mais tu devais prendre garde aux connaissances de la Duvergier, elle ne voit, elle ne fournit