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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/39

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méprise-là, l’idée de ce Dieu vain et ridicule ; son existence est une ombre que dissipe à l’instant le plus faible effort de l’esprit, et tu ne seras jamais tranquille tant que cette odieuse chimère n’aura pas perdu sur ton ame toutes les facultés que lui donna l’erreur. Nourris-toi sans cesse des grands principes de Spinosa, de Vanini, de l’auteur du systême de la nature, nous les étudierons, nous les analyserons ensemble, je t’ai promis de profondes discussions sur ce sujet, je te tiendrai parole, nous nous remplirons toutes deux de l’esprit de ces sages principes. S’il te survient encore des doutes, tu me les communiqueras, je te tranquilliserai, aussi ferme que moi, tu m’imiteras bientôt, et comme moi, tu ne prononceras plus le nom de cet infâme Dieu que pour le blasphémer et le haïr. L’idée d’une telle chimère est, je l’avoue, le seul tort que je ne puisse pardonner à l’homme ; je l’excuse dans tous ses écarts, je le plains de toutes ses faiblesses, mais je ne puis lui passer l’érection d’un tel monstre, je ne lui pardonne pas de s’être forgé lui-même les fers religieux qui l’ont accablé si violemment, et d’être venu, présenter lui-même le col sous le joug hon-