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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/43

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la première avait à peine treize ans, la seconde seize. La figure d’Elisabeth était fine, des traits fort délicats, des formes agréables et déjà prononcées. Pour Flavie, c’était bien la plus céleste figure qu’il fût possible de voir au monde : on n’avait point un plus joli rire, de plus belles dents, de plus beaux cheveux. On ne possédait point une plus belle taille, une peau plus douce et plus fraîche. Ah ! mes amis, si j’avais la déesse des fleurs à peindre, je ne choisirais pas d’autre modèle.

Les premiers complimens ne furent pas longs ; toutes sachant bien la cause de leur réunion, ne tardèrent pas à en venir au fait ; mais leurs propos, je l’avoue, m’étonnèrent. On ne saisit pas, au milieu même d’un bordel, tous ceux du libertinage, avec l’aisance et la facilité de ces jeunes personnes ; et rien n’était plaisant comme le contraste de leur modestie, de leur retenue dans le monde, et de leur énergique indécence dans ces assemblées luxurieuses.

Delbène, dit madame de Volmar en entrant, je te défie de me faire décharger aujourd’hui ; je suis épuisée, ma chère ; j’ai passé La nuit avec Fontenille… J’adore cette