Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/60

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étudier ces livres avec plus de soin ; que deviens-je, lorsque je ne puis m’empêcher de voir, en les examinant, que non-seulement ils ne peuvent être dictés par l’esprit d’un Dieu, mais qu’ils sont même écrits très-long-tems après l’existence de celui qui ose affirmer les avoir transmis d’après Dieu même ! Eh ! voilà donc comme on me trompe, m’écriai-je au bout de mes recherches ; ces livres saints qu’on veut me donner comme l’ouvrage d’un Dieu, ne sont plus que celui de quelques charlatans imbécilles, et je n’y vois, au lieu de traces divines, que le résultat de la bêtise et de la fourberie ; et, en effet, quelle plus lourde ineptie que celle d’offrir par-tout dans ces livres, un peuple favori du souverain qu’il vient de se forger, annonçant à toutes les nations que ce n’est qu’à lui que Dieu parla, que ce ne fut qu’à son sort qu’il put s’intéresser ; que ce n’est que pour lui qu’il dérange le cours des astres, qu’il sépare les mers, qu’il épaissit la rosée, comme s’il n’eût pas été bien plus facile à ce Dieu de pénétrer les cœurs, d’éclairer les esprits, que de déranger le cours de la nature, et comme si cette prédilection en faveur d’un petit, peuple obscur, ab-