Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/63

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Ce ne sera donc plus chez les juifs que je chercherai le Dieu puissant de l’univers ; ne rencontrant chez cette méprisable nation qu’un fantôme dégoûtant né de l’imagination exaltée de quelques ambitieux, j’abhorerai le Dieu méprisable offert par la scélératesse, et je jetterai les yeux sur les chrétiens.

Que de nouvelles absurdités se présentent ici ! Ce ne sont plus les livres d’un fou sur une montagne qui doivent me servir de régle ; le Dieu dont il s’agit maintenant s’annonce, par un ambassadeur bien plus noble, et le bâtard de Marie est bien autrement respectable que le fils délaissé de Jocabed ; examinons donc ce polisson, que fait-il, qu’imagine-t-il pour me prouver son Dieu : quelles sont ses lettres de créances ? des gambades, des soupers de putains, des guérisons de charlatans, des calembours et des excroqueries : il est le fils du Dieu qu’il m’annonce, ce malotru qui ne sait pas même m’en parler, et qui, de ses jours, n’écrivit une ligne ; il est Dieu lui-même, je dois le croire dès qu’il l’a dit : le coquin est pendu, qu’importe ; sa secte l’abandonne, tout cela est égal. C’est là, c’est là seul qu’est le Dieu de l’univers, il n’a pu prendre racine que