Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le sein d’une juive, il n’a pu naître que dans une étable, c’est par l’abjection, la pauvreté, l’imposture qu’il doit me convaincre ; si je n’y crois point, tant pis pour moi, d’éternels supplices m’attendent ! vous voyez bien que tout cela peint un Dieu, et qu’il n’est pas un seul trait dans le tableau qui n’élève l’ame et ne la persuade. O comble de contradiction ! c’est sur l’ancienne loi que la nouvelle s’étale, et la nouvelle cependant anéantit l’ancienne : quelle sera donc la base de cette nouvelle ? Christ est donc à présent le législateur qu’il faut croire ? lui seul va m’expliquer le Dieu qui me l’envoie, mais si Moïse avait intérêt à me prêcher un Dieu dans lequel il prenait sa puissance, quel plus grand intérêt n’a pas le nazaréen à me parler du Dieu dont il dit qu’il descend ; certes le législateur moderne en savait bien plus que l’ancien ; il suffisait au premier de causer familièrement avec son maître ; le second est du même sang. Moïse, content de s’étayer des miracles de la nature, persuade à son peuple que la foudre ne s’allume que pour lui ; Jesus, bien plus adroit fait le miracle lui-même ; et si tous deux, méritèrent à jamais le mépris de leurs con-