Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fréret, que la balance avec laquelle nous pesons les objets, et par laquelle remettant sous le poids, ceux qui sont éloignés de nous, nous connaissons ce que nous devons penser, par le rapport qu’ils ont entr’eux, en telle sorte, que ce soit toujours l’apparence du plus grand plaisir qui l’emporte. Cette raison enfin, tu le vois, dans nous, comme dans les animaux qui en sont eux-mêmes remplis, n’est que le résultat du mécanisme le plus grossier et le plus matériel. Mais comme nous n’avons point d’autre flambeau, ce n’est donc qu’au sien seul, qu’il faut soumettre la foi impérieusement exigée par des fourbes, pour des objets, ou sans réalité, ou si prodigieusement vils, par eux-mêmes, qu’ils ne sont faits que pour nos mépris. Or le premier effet de cette raison, est, tu le sens, Juliette, d’assigner une différence essentielle, entre l’objet qui apparaît, et l’objet qui est apperçu. Les perceptions représentatives d’un objet, sont encore de différentes espèces. Si elles nous montrent les objets comme absens, et comme ayant été autrefois présens à notre esprit, c’est ce que nous appelons alors mémoire, souvenir. Si elles nous offrent les objets sans nous avertir