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mérique est cause de tout ce qui nous arrive que l’on emploie tous les moyens de lui être agréable, toutes les façons de l’implorer.

Que de plus mûres réflexions nous éclairent, et ne nous déterminant sur l’adoption d’un Dieu que d’après ce qui vient d’être dit, persuadons-nous que toute idée de Dieu ne pouvant se présenter à nous que d’une manière objective, il ne peut résulter d’elle que des illusions et des fantômes.

Quelques sophismes qu’allèguent les partisans absurdes de la divinité chimérique des hommes, ils ne vous disent autre chose, sinon qu’il n’y a point d’effet sans cause ; mais ils ne vous démontrent pas qu’il faille en revenir à une première cause éternelle, cause universelle de toutes les causes particulières, et qui soit elle-même créatrice et indépendante de toute autre cause ; je conviens que nous ne comprenons pas la liaison, la suite, et la progression de toutes les causes, mais l’ignorance d’un fait n’est jamais un motif suffisant pour en croire ou déterminer un autre. Ceux qui veulent nous persuader l’existence de leur abominable Dieu, osent effrontément nous dire, que parce que nous ne pouvons assigner la véri-