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qu’on leur demande ce qui fonde cette supériorité. — Notre ame, répondent-ils imbécillement ; les prie-t-on d’expliquer ce qu’ils entendent par ce mot, ame : oh, pour lors, vous les voyez balbutier, se contredire ; c’est une substance inconnue, disent-ils, c’est une force secrète distinguée de leur corps ; c’est un esprit dont ils n’ont nulle idée ; demandez-leur comment cet esprit, qu’ils supposent, comme leur Dieu, totalement privé d’étendue, a pu se combiner avec leur corps étendu et matériel, ils vous diront qu’ils n’en savent rien, que c’est un mystère, que cette combinaison est l’effet de la toute-puissance de Dieu : voilà les idées nettes que l’imbécillité se forme de la substance cachée, ou plutôt imaginaire dont elle a fait le mobile de toutes ses actions.

À cela, je ne réponds qu’une chose ; si l’ame est une substance essentiellement différente du corps, et qui ne peut avoir aucune relation avec lui, leur union est une chose impossible ; d’ailleurs, cette ame étant d’une essence différente du corps, devrait nécessairement agir d’une façon différence de lui ; cependant, nous voyons