Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/11

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aucun de ces individus n’était encore dans le salon, lorsque j’y parus, d’Albert et Saint-Fond, après m’avoir embrassée, cajolée, louée pendant un quart-d’heure, me plaisantèrent sur mon aventure. C’est une charmante petite scélérate, dit Noirceuil, et qui, par la soumission la plus aveugle aux passions de ses juges, vient les remercier de la vie qu’elle leur doit. J’aurais été bien fâché de la lui ôter, dit d’Albert ; ce n’est pas pour rien que Thémis porte un bandeau ; et vous m’avouerez que quand il s’agit de juger de jolis petits êtres comme ceux-là, nous devons toujours l’avoir sur les yeux. Je lui promets pour sa vie l’impunité la plus entière, dit Saint-Fond ; elle peut faire absolument tout ce qu’elle voudra ; je lui proteste de la protéger dans tous ses écarts, et de la venger, comme elle l’exigera, de tous ceux qui voudraient troubler ses plaisirs, quelques criminels qu’ils puissent être. Je lui en jure autant, dit d’Albert ; je lui promets, de plus, de lui faire avoir demain une lettre du chancelier, qui la mettra à l’abri de toutes les poursuites qui, par tel tribunal que ce soit, pourraient être intentées contr’elle dans toute l’étendue de la France, Mais, Saint-Fond, j’exige quel-