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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/12

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que chose de plus ; tout ce que nous faisons ici n’est qu’absoudre le crime, il faut l’encourager ; je te demande donc des brevets de pensions pour elle, depuis deux mille francs jusqu’à vingt-cinq, en raison du crime qu’elle commettra. Juliette, dit Noirceuil, voilà, je crois, de puissans motifs, et pour donner à tes passions toute l’extension qu’elles peuvent avoir, et pour ne nous cacher aucun de tes écarts. Mais, il en faut convenir, messieurs, poursuivit aussitôt mon amant sans me donner le tems de répondre, vous faites là un merveilleux usage de l’autorité qui vous est confiée par les loix et par le monarque… Le meilleur possible, répondit Saint-Fond ; on n’agit jamais mieux que lorsqu’on travaille pour soi : cette autorité nous est confiée pour faire le bonheur des hommes ; n’y travaillons-nous pas en faisant le nôtre et celui de cette aimable enfant. En nous revêtant de cette autorité, dit d’Albert, on ne nous a pas dit : vous ferez le bonheur de tel ou tel individu, abstractivement de tel ou tel autre ; on nous a simplement dit : les pouvoirs que nous vous transmettons sont pour faire la félicité des hommes ; or, il est impossible de rendre tout le monde égale-