Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/121

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avant que de nous mettre à table, Clairwil se pencha sur moi, nous étions l’une et l’autre dans une niche de glace, mollement étendues sur des carreaux, dont le duvet moëlleux soutenait nos reins vacillans ; un jour très-doux semblait appeler l’amour, et favoriser ses plaisirs. N’est-il pas vrai, mon ange, dit Clairwil, en me baisant la gorge, que c’est en se branlant que deux femmes comme nous doivent faire connaissance… et la tribade me troussant en disant cela, dardait déjà sa langue enflammée au plus profond de mon gosier… Ses doigts libertins atteignent le but ; il est là, me dit-elle, le plaisir, il sommeille sur un lit de rose, mon tendre amour veut-il que je l’éveille. Oh Juliette, me permets-tu de m’embrâser au feu des transports que je vais allumer dans toi… Friponne, ta bouche m’en répond, ta langue appelle la mienne, elle l’invite à la volupté. Ah ! rends moi ce que je te fais, et mourons de plaisir. Déshabillons-nous, dis-je à mon amie, les débauches de la volupté ne sont bonnes que quand on est nud ; je ne démêle rien dans toi, et je veux tout y voir ; débarassons-nous de ces voiles importuns, n’est-ce pas déjà trop de ceux de la