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l’individu dans lequel son action est lente, sera disposé au bien, comme il est certain que celui dans lequel cette action fait des ravages, se portera nécessairement au mal ; le mal étant plus piquant, plus attrayant que le bien. C’est donc vers lui que doivent se diriger les effets violens, par le grand principe qui rapproche et qui réunit toujours au moral comme au physique tous les effets égaux.

Il est donc certain que le procédé nécessaire en pareil cas près d’une jeune personne qu’on formerait, serait d’émousser cette sensibilité ; car les directions sont presqu’impossibles ; vous perdrez peut-être quelques faibles vertus en émoussant, mais vous épargnerez bien des vices, et dans un gouvernement qui punit sévèrement tous les vices, et qui ne récompense jamais les vertus, il vaut infiniment mieux apprendre à ne pas faire le mal, que de s’attacher à faire le bien. Il n’y a absolument aucun danger à ne point faire le bien, et il en existe à faire le mal avant l’âge de pouvoir sentir la nécessité qu’il y a de cacher celui auquel la nature nous entraîne invinciblement ; je dis plus, c’est que la chose du monde la plus