Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/200

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soutiendrait toutes les armes nécessaires aux supplices que tu veux faire éprouver à tes victimes. Ce costume effrayerait tout le monde, et c’est la terreur que l’on doit inspirer quand on veut se vautrer dans le crime. — Tu as raison, Juliette ! oui, tu as raison, tu m’arrangeras de cette manière. — Sois sûr que cet appareil en impose ; vois ces baladins de juges, s’ils ne ressemblent pas à des héros de comédie, ou à des charlatans lorsqu’ils sont dans leurs tribunaux. — Je les voudrais plus effrayans et plus sanguinaires mille fois ; assure-toi bien, Juliette, que ce n’est qu’en répandant le sang des hommes, qu’on parvient à les dominer… Le dîner se servit, nous nous mîmes à table tête à tête, et la conversation continua sur le même ton. Oui, certes, reprit le ministre, il faudrait que les loix fussent plus sévères ; il n’y a d’heureusement gouvernés que les pays où règne l’inquisition. Voilà les seuls qui soient réellement soumis à leurs souverains, c’est aux chaînes sacerdotales à resserer celles de la politique, la force du sceptre dépend de celle de l’encensoir, chacune de ces autorités a le plus grand intérêt à se prêter mutuellement des forces, et ce ne sera jamais