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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/208

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pour lui seul que mon imagination desire si souvent à Paris les auto-dafés de Lisbonne. La classe riche, noble ou spirituelle, ne sera jamais atteinte par mes poignards. — Mais ces écrits lus de tous, deviendront funestes à ceux que vous paraissez vouloir épargner… Jamais, dit Saint-Fond : si le faible y trouve le desir de briser ses chaînes… desir dont j’ai besoin pour les river, le fort y rencontre des leçons bien plus énergiques pour faire peser sur le peuple ces mêmes chaînes. L’esclave, en un mot, sera des années à comprendre ce que le chef ne mettra qu’une minute à exécuter. — On vous accuse, objectai-je encore, d’une égale condescendance pour la dépravation des mœurs ; ils ne furent, dit-on, jamais plus corrompus que depuis que vous êtes dans le ministère. Ils s’en faut de beaucoup, me répondit Saint-Fond, qu’ils le soient au point où je voudrais les voir, et je travaille à un réglement de police qui, j’espère, les mettra au degré de dépravation où je les desire. Apprends, Juliette, qu’il est de la politique de tous ceux qui mènent un gouvernement, d’entretenir dans les citoyens le plus extrême degré de corruption ;