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deux, et vous verrez que celui de la première caste manifestera des goûts et des intentions bien autres que tout ce que vous vous démontrera l’enfant de la seconde ; vous reconnaîtrez des sentimens, des dispositions bien différens dans l’un et dans l’autre. Que je fasse la même étude maintenant, sur l’animal qui ressemble le plus à l’homme, tel que le singe des bois ; que je compare, dis-je, cet animal à l’individu pris dans la caste esclave, que de rapprochemens n’y trouverai-je pas ? L’homme du peuple n’est que l’espèce qui forme le premier échelon après le singe des bois ; et la distance de ce singe, à lui, est absolument comme celle de lui, à l’individu de la première caste. Eh pourquoi donc la nature, qui observe toutes ces gradations avec tant de rigueur dans tous ses autres ouvrages, les aurait-elle négligé dans celui-ci ? Toutes les plantes se ressemblent-elles ? Tous les animaux sont-ils de même figure et de même force ? Oserez-vous comparer l’arbuste au majestueux peuplier, le chien roquet au fier danois, le petit cheval des montagnes de Corse au fougueux étalon d’Andalousie ? Voilà donc, dans les mêmes classes, des différences es-