Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/22

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compagnie s’étant réuni à nous ; on se mit à table.

Jugez, mes amis, quelle fut ma surprise, lorsqu’en me rappelant l’ordre secret qui m’était donné, je vis qu’avec la plus extrême affectation, c’était madame de Noirceuil qu’on plaçait près de moi : monseigneur, dis-je bas à St.-Fond, qui s’y mettait également de l’autre côté… Oh ! monseigneur, est-ce donc là la victime choisie ? Assurément, me dit le ministre, revenez de ce trouble ; il vous fait tort dans mon esprit ; encore une pareille pusillanimité, et vous perdez à jamais mon estime ; je m’assis : le souper fut aussi délicieux que libertin ; les femmes, à peine r’habillées, exposaient aux attouchemens de ces paillards, tout ce que la main des grâces leur avait distribué de charmes ; l’un touchait une gorge à peine éclose ; l’autre maniait un cul plus blanc que l’albâtre ; nos cons seuls étaient peu fêtés : ce n’est pas avec de telles gens, que de pareils appas font fortune ; persuadés que pour ressaisir la nature, il faut souvent lui faire outrage, ce n’est qu’à ceux dont le culte est, dit-on, défendu par elle, que les fripons offrent de l’encens. Les vins les plus