Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/250

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de cette sensation est si délicate, qu’un rien la dérange ou la détruit ; il faut donc que l’esprit soit préparé, qu’il soit tranquille, que par nos systêmes ou notre position il se trouve dans une assiette calme et heureuse, que ce soit alors au feu de l’imagination que s’allume le foyer des sens. De ce moment, donnez pleine carrière à cette imagination, ne lui refusez aucun écart, et travaillez, non-seulement à lui tout accorder, mais à la mettre en état, par votre philosophie, et sur-tout par l’endurcissement de votre cœur et de votre conscience, de pouvoir se forger… se créer de nouvelles chimères qui, nourrissant les atômes voluptueux, les fassent heurter avec plus de forces sur les mollécules qu’ils doivent ébranler, et préparent ainsi à vos sens un genre de volupté pour chacun d’eux. Tu vois par-là, Juliette, combien d’obstacles apporterait à ton délire, un esprit contenu dans les bornes de l’honnêteté ou de la vertu ; ce serait comme autant de glaçons jetés dans l’embrâsement, comme autant de chaînes autant d’entraves dont on accablerait un jeune coursier qui ne demande qu’à s’élancer dans la carrière, La religion est, sans