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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/251

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doute, le premier de tous les freins à rompre dans un pareil cas, comme étant, pour celui qui l’adopte, une source perpétuelle de remords ; mais il n’y a que la moitié de la besogne de faite, tant qu’on n’a culbuté que les autels d’un Dieu fantastique ; cette opération est la plus facile, il ne faut ni beaucoup d’esprit ni beaucoup de force pour anéantir les dégoûtantes chimères de la religion, puisqu’il n’en est aucune qui puisse tenir à l’examen ; mais encore une fois, Juliette, ce n’est pas tout, il est une infinité d’autres devoirs, d’autres conventions sociales, d’autres barrières qui te gêneront bientôt autant que l’avait fait la religion, si ton esprit, aussi fougueux qu’indépendant, ne se fait pas une loi de tout enfreindre ; également retenue par ces méprisables digues, tu éprouverais bientôt une contrainte dans tes plaisirs, égale à celle que ressent le dévot ; si, au contraire, tu as tout foulé aux pieds pour l’atteindre, et que ta conscience, bien en repos sur tous les points, ne vienne plus te présenter les tristes aiguillons du remords, sans doute, en ce cas, ta jouissance sera des plus vives et des plus complètes que puisse accorder la