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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/253

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par ces nœuds, tu as pu résister aux plaisirs ; et quelques vains obstacles, dussent-ils troubler ta félicité, le charme de l’avoir connue, et les divins souvenirs qu’elle te donnera changeront à jamais en fleurs les épines dont on aurait voulu les semer. Or, dans la position où je te place, avec la sécurité que je te donne, quelles épines pourrais-tu redouter ? réfléchis un instant à ta délicieuse situation ; et si la certitude de l’impunité prête au crime ses plus divins attraits, qui, plus que toi dans le monde, pourra jouir avec délices ; jette les yeux sur tes autres jouissances. Dix-huit ans, la meilleure santé, la plus jolie figure, la taille la plus noble, de l’esprit comme un ange, un tempérament de messaline, nageant dans l’or et dans l’opulence, un crédit sûr, nuls freins, nulles chaînes, aucuns parens, des amis qui t’adorent… et tu pourrais redouter les lois ?… Ah ! cesse de craindre que leur glaive ose jamais t’atteindre ; s’il s’élevait un jour sur ta tête, oppose-lui tes charmes, Juliette ; remplace cette langueur qui te captive au sein des voluptés, par ces toilettes pleines d’art qui, fixant auprès de toi les grâces, enchaînent à tes pieds tous