Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/256

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seule où la lubricité ne puisse avoir un temple, et que ses plus divins seront toujours ceux dont tu croiras que la nature s’irrite. Quand les plus odieux excès de la débauche, quand ses turpitudes les plus dépravées, quand ses actes les plus dégoûtans, commenceront à glisser sur tes nerfs, ranime-toi par des cruautés ; que les forfaits les plus effrayans, que les atrocités les plus révoltantes, que les crimes les moins supposables, que les horreurs les plus gratuites, que les écarts les plus monstrueux, sortent ton ame de la létargie où t’aura laissé le libertinage ; souviens-toi que toute la nature t’appartient ; que tout ce qu’elle nous laisse faire, est permis, et qu’elle a été assez adroite en nous créant, pour nous ôter les moyens de la troubler ; tu sentiras alors que l’Amour change quelquefois ses flèches en poignards, et que les invectives du malheureux que nous tourmentons, valent souvent mieux, pour faire bander, que tous les propos galans de Cythère.

Singulièrement flattée de ces discours, j’osai faire entendre à Saint-Fond que tout ce que je craignais, était de perdre ses bontés. Juliette, me dit-il, cela ne serait pas