Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/257

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long, si je n’étais que ton amant, parce que les faveurs d’une femme, telle belle qu’elle puisse être, ne sauraient m’attacher longtems. Celui qui a pour principe, que l’instant où l’on vient de foutre une femme, est celui où il est le plus essentiel de s’en séparer, doit certes, s’il n’est qu’amant, faire envisager ce que tu crains ; mais Juliette, tu le sais, je suis loin de ce plat personnage ; tous deux liés par des ressemblances de goûts, d’esprit et d’intérêt, je ne vois nos chaînes que comme celles de l’égoïsme ; et celles-là captivent toujours. Te conseillerais-je de foutre si j’étais ton amant ? non, non, Juliette, je ne le suis pas, je ne le serai jamais. Ne redoute donc rien de mon inconstance ; si je viens jamais à t’abandonner, toi seule en seras devenue la cause ; continue de te bien conduire, sers toujours mes plaisirs avec activité ; que chaque instant me développe en toi de nouveaux vices ; porte avec moi, dans l’intérieur, ta soumission jusqu’à la bassesse ; plus tu ramperas à mes pieds et plus par orgueil je te ferai régner sur les autres ; qu’aucune faiblesse sur-tout, qu’aucun remords, quelque soit la chose que j’exige de toi, ne se