Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/27

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pour nous la chose du monde la plus indifférente ; mais, prévenez nos désirs, satisfaites-les tous, sans aucun scrupule ; métamorphosez-vous pour nous plaire, jouez à-la-fois tous les sexes, redevenez enfans même, afin de donner à vos époux l’extrême plaisir de vous fouetter, et soyez sûres qu’avec de tels égards, ils fermeront les yeux sur tout le reste ; voilà les seuls procédés qui puissent tempérer, selon moi, l’horreur du lien conjugal, le plus affreux, le plus détestable de tous ceux par lequel les hommes ont eu la folie de se captiver. Ah ! Noirceuil, vous n’êtes pas galant, dit St.-Fond, en pressant un peu fortement les tetons de la femme de son ami, oubliez-vous donc que votre épouse est là ? Pas pour long-tems j’espère, répondit méchamment Noirceuil. Comment donc, dit d’Albert, en jetant sur la pauvre femme un regard aussi faux que sournois. — Nous allons nous séparer. — Quelle cruauté, dit St.-Fond, qu’enflammaient extraordinairement toutes ces méchancetés, et qui, branlant un giton de sa main droite, continuait de pressurer avec la gauche, les jolis tetons de madame de Noirceuil… Quoi ! vous allez rompre vos