Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont des boudoirs pour vous ; vous bandez, en prononçant un arrêt de mort, et déchargez souvent en le faisant exécuter… Oui, cela m’est arrivé quelquefois, dit d’Albert ; mais quel inconvénient y a-t-il à se faire des plaisirs de ses devoirs. Aucun, sans doute, dit Saint-Fond ; mais pour en revenir à l’histoire de notre homme, vous conviendrez qu’il y a des femmes bien ridicules dans le monde. C’est qu’il y en a tout plein, dit Noirceuil, qui croient avoir rempli leurs devoirs envers, leurs maris, quand elles ont respecté leur honneur, et qui leur font acheter cette très-médiocre vertu, par de l’aigreur et de la dévotion, et sur-tout par des refus constans de tout ce qui s’écarte des plaisirs permis ; sans cesse à cheval sur leur vertu, des putains de cette espèce s’imaginent qu’on ne saurait trop les respecter, et que d’après cela, le bégueulisme le plus outré peut leur être permis sans reproche : qui n’aimerait pas mieux une femme aussi garce que vous voudrez la supposer, mais déguisant ses vices, par une complaisance sans bornes, par une soumission entière à toutes les fantaisies de son mari ? Eh ! foutez, mesdames, foutez tant qu’il vous plaira, c’est