Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/280

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soins qu’il avait pris : il nous fit à son tour des excuses, de ce qu’une affaire personnelle à lui, nous avait compromis à ce point… Il y a eu huit ou dix hommes de tués, nous dit-il, entr’autres les deux jeunes gens que je vous avais envoyé, les seuls que je regrette… Ah ! Ah ! dit Clairwil, il y a sans doute quelque raison pour cela. — Oui, je les foutais tous deux depuis assez longtems. — Et c’est Saint-Fond, dit Clairwil, qui regrette un objet foutu ? — Non, ils étaient lestes, ils me servaient à merveille dans toutes mes opérations mystérieuses. Oh ! vous les remplacerez, dis-je à Saint-Fond, en le faisant mettre à table ; laissons les morts, et ne parlons que de vos succès. Pendant le repas, la conversation roula comme à l’ordinaire, sur des matières de philosophie, et comme le ministre avait affaire, que d’ailleurs nous étions extrêmement fatigué, l’on se sépara. Au souper du lendemain, ma malheureuse Palmire, que l’on envoya chercher quelques heures avant, dans son cachot, fut impitoyablement sacrifiée, après mille supplices plus barbares, et plus variés les uns que les autres. Saint-Fond me contraignit à l’étrangler pendant qu’il la foutait en