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la seconde, c’est de m’abandonner le meurtre des deux jeunes gens. Supplicier des hommes, est, tu le sais, ma passion favorite ; autant tu te plais à tourmenter mon sexe, autant j’aime à vexer le tien : et je vais jouir à martyriser ces deux jolis garçons, bien plus, peut-être, que tu ne te délecteras à massacrer leurs deux maîtresses. — Clairwil, vous êtes un monstre. — Je le sais, mon cher ; et ce qui m’humilie, est d’être chaque jour surpassé par toi.

Saint-Fond ayant désiré de voir d’abord seul chacun de ces quatre amans, une des vieilles amena Dormon, dont Faustine, la cadette des sœurs de madame de Cloris, était la maîtresse.

Jeune homme, lui dit Clairwil, vous paraissez ici devant votre maître, songez que la soumission la plus entière, et la vérité la plus scrupuleuse, doivent diriger votre conduite et vos réponses ; c’est dans ses mains qu’est votre vie. Hélas ! répondit humblement ce malheureux, je n’ai rien à dire, madame ; j’ignore absolument la cause de ma détention, et ne puis comprendre par quelle fatalité je me trouve aujourd’hui la victime du sort. N’étiez-vous pas destiné,