Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/286

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lui demanda Clairwil, qui le dévorait des yeux, à épouser Faustine ? — Cette union devait faire mon bonheur. — Ignoriez-vous la cruelle affaire dans laquelle tous ses parens étaient compliqués ? — Hélas ! madame, je ne leur connaissais que des vertus, le vice pouvait-il exister où Faustine avait pris le jour ? — Ah ! dis-je, c’est un héros de roman. — Je serai toujours l’ami de la vertu… L’enthousiasme que l’on conçoit pour elle à votre âge, dit Clairwil, a souvent perdu bien des hommes ; au reste, ce n’est pas de tout cela dont il s’agit ici ; nous vous avons fait venir, pour vous apprendre que votre Faustine est dans ces lieux, et que si vous voulez en abandonner la jouissance au ministre, et sa grace et la votre récompenseront ce sacrifice. Je n’ai point mérité de grace, puisque je n’ai point commis de crimes, répondit fièrement ce jeune homme ; mais y eût-il là mille morts, je vous déclare que je n’achèterai jamais la vie au prix de l’atrocité que vous avez osez me faire entrevoir. Allons, madame, du cul, du cul, s’écria Saint-Fond, qui bandait, vous voyez bien que ce petit poliçon est un entêté, dont nous n’aurons raison que par violence ;