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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/303

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une faiblesse, pourquoi me contraindre à la révéler ? — Dois-tu donc avoir des secrets pour nous, dis-je à mon amant ? — En vérité, ce n’en est pas un. — Cependant, tu nous le caches, et nous te conjurons de nous le dire. — À quoi cela vous servira-t-il ! — À nous satisfaire, à contenter les deux meilleures amies que tu aies au monde. — Vous êtes de cruelles femmes !… Mais songez-vous donc que je ne puis vous faire cet aveu sans convenir d’une petitesse affreuse de ma part. — C’est précisément, ce que nous voulons apprendre.

Alors, redoublant toutes deux de sollicitations, de louanges, de caresses et de séductions, notre homme vaincu nous parle de la manière suivante.

« À quelque point que j’aie secoué le joug honteux de la religion, mes amies, il ne m’a jamais été possible de me défendre de l’espoir d’une autre vie. S’il est vrai, me dis-je, qu’il y ait des peines, et des récompenses dans un autre monde, les victimes de ma scélératesse triompheront, elles seront heureuses ; cette idée me désespère ; mon extrême barbarie m’en fait un tourment. Quand j’immole un objet, soit à mon ambition, soit