Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/309

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obligé, non d’admettre, mais de supposer, afin d’être en état d’en combattre d’autres. Pour anéantir à vos yeux le dogme imbécille de l’enfer, il faut que vous me permettiez de rétablir un instant ici la chimère déïfique. Obligée de m’en servir comme de point d’appui dans cette importante dissertation, il faut que je lui rende absolument une existence momentanée ; vous me le pardonnerez, j’espère, d’autant plus, qu’assurément vous ne me soupçonnez-pas de croire à cet abominable fantôme.

Le dogme de l’enfer est par lui-même, je l’avoue, si destitué de vraisemblance ; tous les argumens que l’on prétend établir pour l’étayer sont si faibles ; ils contredisent si manifestement la raison, qu’on rougit presque de l’obligation de les combattre : n’importe ; arrachons impitoyablement aux chrétiens, jusqu’à l’espoir de nous renchaîner de nouveau aux pieds de leur religion atroce, et faisons-leur voir que le dogme sur lequel ils se fondent le plus impérieusement pour nous effrayer, se dissipe, comme toutes leurs autres chimères, à la plus faible étincelle du flambeau de la philosophie.

Les premiers argumens dont on se sert