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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/310

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pour établir cette pernicieuse fable, sont :

1°. Que le péché étant infini eu égard à l’être qu’on offense, mérite par conséquent des châtimens infinis ; que Dieu ayant dicté des loix, il est de sa grandeur de punir ceux qui les transgressent.

2°. L’universalité de cette doctrine, et la manière dont elle est annoncée dans l’écriture.

3°. La nécessité de ce dogme, pour contenir les pécheurs et les incrédules : voilà les bases qu’il faut anéantir.

Vous conviendrez, je me flatte, que la première se détruit naturellement, par l’inégalité des délits. Selon cette doctrine, la plus légère faute se trouverait donc punie comme la plus grave ; or, je vous demande si dans l’admission d’un Dieu juste, il devient possible de supposer une iniquité de cette espèce ? Qui d’ailleurs a créé l’homme ? qui lui a donné les passions que doivent punir en lui les tourmens de l’enfer ? N’est-ce pas votre Dieu ? Ainsi donc, imbécilles chrétiens, vous admettez que d’une part ce Dieu ridicule prête à l’homme des penchans qu’il se trouve obligé de punir d’un autre côté ? Mais il ignorait donc que ces pen-