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desirable que l’extinction totale du genre humain.

Si cependant ce dogme vous paraît un instant nécessaire à la grandeur de Dieu, je vous demande pourquoi ce Dieu si grand et si bon n’a pas donné à l’homme la force nécessaire à se garantir du supplice ? N’est-il pas cruel à Dieu de laisser à l’homme la facilité de se perdre éternellement ? et trouverez-vous jamais un moyen de laver votre Dieu du reproche fondé d’ignorance ou de méchanceté ?

Si tous les hommes sont des ouvrages égaux de la divinité, pourquoi tous ne s’accordent-ils pas sur le genre de crimes, qui doit valoir à l’homme cette éternité de supplices ? Pourquoi l’hottentot damne-t-il pour ce qui mérite le paradis au chinois, et d’où vient que celui-ci assure le ciel à ce qui mérite l’enfer au chrétien ? On ne finirait pas si l’on voulait rapporter les opinions variées des payens, des juifs, des mahométans, des chrétiens, au sujet des moyens que l’on doit employer pour échapper aux supplices éternels, et pour obtenir la félicité, si l’on voulait d’écrire les inventions puériles et ri-