Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/317

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la conduite d’un être que vous me peignez comme infiniment bon et sage ? cette conduite, bien loin de-là, ne porte-t-elle pas tous les attributs de la bêtise et de la méchanceté ? Dans tous les gouvernemens, lorsque l’on fait des loix qui décernent des peines contre les infracteurs, ne prend-on pas tous les moyens possibles pour faire connaître et ces loix et ces châtimens ? Peut-on raisonnablement châtier un homme de l’infraction faite à une loi qui lui est inconnue ? Que devons-nous conclure de cette série de vérités, c’est que jamais le systême de l’enfer ne fût autre chose que le résultat de la méchanceté de quelques hommes, et de l’extravagance de beaucoup d’autres[1].

  1. L’enfer, dit un homme d’esprit, est le foyer de la cuisine qui fait bouillir en ce monde la marmite sacerdotale ; elle fut fondée en faveur des prêtres ; c’est pour qu’ils fassent bonne chère que le Père éternel, qui est leur premier cuisinier, met en broche ceux de ses enfans qui n’auront point eu pour leurs leçons la déférence qui leur est due ; aux festins de l’agneau, les élus mangeront des incrédules grillés, des riches en fricassés, des financiers à la sauce robert, etc. etc. Voyez la Théologie portative, page 106.