Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/316

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particulière, ont donc été contraints de s’en rapporter à d’autres ; or, je vous prie de me dire quelle confiance on doit avoir à des gens qui vous disent sur un fait de telle importance, je le crois, parce qu’un tel m’a dit qu’il l’avait rêvé ; et voilà donc ce qui absorbe… ce qui rend farouche et timide la moitié des hommes ; voilà donc ce qui les empêche de se livrer aux plus douces inspirations de la nature ! Peut-on porter plus loin l’égarement et l’absurdité ! Mais vos inspirés n’ont pas parlé à tout le monde ; la plus grande partie du genre humain ignore leurs rêves. Cependant tous les hommes ne sont-ils pas aussi intéressés à s’assurer de la réalité de ce dogme, que peuvent l’être les écrivains de la Bible ou leurs adhérens ? Comment se fait-il donc que tous ne puissent en avoir la même certitude ; ils étaient tous intéressés à savoir à quoi s’en tenir sur les châtimens éternels ; pourquoi donc Dieu n’a-t-il pas donné cette sublime connaissance à tous directement et immédiatement, sans le secours et la participation de gens que l’on peut soupçonner de fraude ou d’erreur ? Avoir positivement fait tout le contraire, caractérise-t-il, je vous le demande,