Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/319

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le bien ou le mal ? Mais si cela est, nous objectera-t-on peut-être, les punitions que l’on leur inflige en ce monde, en raison de leur mauvaise conduite, sont donc également injustes ! Assurément elles le sont ; mais ici l’intérêt général l’emporte sur l’intérêt particulier ; il est du devoir des sociétés de retrancher de leur sein les méchans capables de leur nuire ; et voilà qui justifie les loix qui, seulement vues d’après l’intérêt particulier, seraient monstrueusement injustes ; mais votre Dieu a-t-il les mêmes raisons pour punir le méchant ? Non, sans doute ; il n’a rien à souffrir de ses méchancetés, et s’il est ainsi, c’est qu’il a plu à ce Dieu de le créer de cette manière ; il serait donc atroce de lui infliger des tourmens, pour être devenu sur la terre ce que cet exécrable Dieu savait bien qu’il deviendrait, et ce qu’il lui est fort égal qu’il devienne.

Prouvons maintenant que les circonstances qui déterminent la croyance religieuse des hommes ne sont nullement en leur pouvoir.

Je demande d’abord si nous sommes les maîtres de recevoir le jour sous tel ou tel climat ; et si une fois nés dans un culte quelconque, il dépend de nous d’y asservir