Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notre foi. Est-il une seule religion qui tienne au flambeau des passions ; et les passions qui nous viennent de Dieu, ne sont-elles pas préférables aux religions qui nous viennent des hommes ! Quel serait-il donc ce Dieu barbare qui nous punirait éternellement d’avoir douté de la vérité d’un culte dont il anéantit l’admission dans nous par le moyen des passions qui le détruisent à tout moment. Quelle extravagance ! quelle absurdité ! Et comment ne pas regretter le tems qu’on perd à dissiper de telles ténèbres ?

Mais allons plus loin, et ne laissons, s’il est possible, aucun retranchement aux imbécilles partisans du plus ridicule des dogmes.

S’il dépendait de tous les hommes d’être vertueux, et de croire tous les articles de leur religion, il faudrait encore examiner s’il serait équitable que des hommes fussent éternellement punis, soit à cause de leur faiblesse, soit à cause de leur incrédulité, quand il demeurera constant qu’il ne peut résulter aucun bien de ces supplices gratuits. Écartons le préjugé pour décider cette question, et réfléchissons sur-tout à l’équité que nous admettons dans Dieu. N’est-ce pas dé-